vendredi 28 janvier 2011

Rendez vous

Ce soir, vendredi 28 et demain, samedi 29, vous pouvez me retrouver aux alentours de 22h au China, rue de Charenton, à Paris.
J'y serai sur scène avec cette Libellule qui aura pris son temps, en guest de la Petite Cour des Astres.

Je suis ravie, flippée, excitée comme une puce!

vendredi 21 janvier 2011

Comme ça le fait

Pj Harvey et Josh Homme

mercredi 19 janvier 2011

Brando encore.

Je gave?
Tant pis. Moi, je me régale.
La base de données commence à être conséquente, avec le visionnage de 2 autres films.

Viva Zapata! d'Elia Kazan, scénario de John Steinbeck, 1952.


Prix d'interprétation à Cannes pour Brando, oscar du 2nd rôle pour Anthony Quinn, qui joue Eufemio, le frère d'Emilliano Zapata.


On y trouve aussi Jean Peters (qui jouait dans Niagara aux côtés de Marilyn Monroe).

(quoi, on la voit pas très bien? Faut faire des choix, dans la vie!)

Brando, méconnaissable au début du film, porte merveilleusement le rôle.
Révolutionnaire, têtu, loyal, grand coeur... Récurrence de ces traits qu'il maîtrise, résolument, comme personne.





C'est un très bon film. Pas mon préféré, mais je commence à être difficile!

Le 2ème, par contre, m'a enthousiasmée: Reflections in a Golden Eye (Reflets dans un Oeil d'Or, donc). de John Huston, d'après le roman de Carson McCullers, avec Elizabeth Taylor. 1967.


Rencontre de 2 monstres sacrés, déjà plus de la 1ère jeunesse, mais au sommet de leur Art.
Brando joue un militaire qui a du mal avec son homosexualité, marié à une femme méprisante et méprisable, vulgaire et magnifique.

Ca parle des petites choses des petites vies grotesques. Les non-dits, les sous-entendus, les apparences qui cachent la laideur et la frustration.
La particularité de ce film est qu'il est filmé dans une sorte de couleur sépia-doré. Le résultat visuel est aussi esthétique qu'intéressant.
Les gens ont détesté, les critiques ont détesté, et les copies qui sont sorties sont d'une couleur normale qui enlève au film sa poésie.
Y a qu'à voir.




Liz Taylor joue son rôle de mé(na)gère superficielle, sensuelle, mauvaise et dominatrice avec maestria.






Quant à Brando-le-Grand, il est magistral dans ce rôle borderline.
Il en fait parfois un poilineau trop dans le jeu d'acteur, mais on sent qu'il l'a bien digéré, son Actor's Studio!
Il est, pour une fois, dans un contre-emploi parfait. Gradé psychorigide, qui a du mal à entretenir son corps vieillissant (enfin ça va, quand même...) et sa vie qui se fissure.

Ce film figure dans mon top 3.

Je viens de trouver un article qui dit tout ça, en plus et mieux encore. Il semblerait que je partage avec l'auteur avis et impressions! J'ai envie de dire: "Pas mieux"!
C'est .

samedi 15 janvier 2011

Octopus

Petite pause dans le cycle Brando. Toute virtuelle, puisque je nourris toujours ma monomanie. Vous allez encore y avoir droit sous peu, mais là, et avec du retard, je viens vous parler d'un spectacle d'actualité.

Octopus, de Philippe Decouflé.

C'est de la danse, de la musique, des projections, des trouvailles de génie, de l'humour.

La musique a été composée et est jouée en live par Nosfell et Pierre Lebourgeois, chacun d'un côté de la scène. Valeur ajoutée vraiment pas négligeable.

J'avais hâte de voir ce spectacle, que j'attendais depuis un bon moment.
J'adore Decouflé, j'adore Nosfell, et j'avais vu des images alléchantes d'un tableau mettant en scène des jambes chaussées d'escarpins Ernest... Difficile de mieux taper dans mon mille!



J'ai eu la grande chance d'être invitée à la générale. Je crois savoir que le spectacle a encore évolué depuis, mais ce que j'en ai vu m'a émerveillée. On entre dans un monde parallèle auquel on adhère ou pas. Vous avez compris: j'avais mon visa! :-)
J'ai retrouvé cette patte Decouflé que j'aime tant: les projections, les images démultipliées, les images dans l'image, la géométrie et l'humour.
Les tableaux n'ont pas forcément d'autre lien entre eux que le corps, tronqué, démembré, sensuel et l'opposition: homme/femme, noir/blanc, doux/violent...
Après, on peut essayer d'expliquer ceci ou cela. En ce qui me concerne, j'ai pris tout ça un peu comme un film de David Lynch: ouverte aux sensations, sans recherche nécessaire de cohérence.

Je n'ai pas tout aimé de la même façon, mais dans l'ensemble, je tire mon chapeau à tous les acteurs de ce beau spectacle. C'est intelligent, sensible, novateur.
Quelques idées de génie sont, à mon goût, un peu trop creusées, d'autres pas assez. Certaines simultanées aux 4 coins de la scène m'ont donné la frustration de rater des trucs. Mais je ne vais tout de même pas me plaindre: abondance ne nuit pas!

Je vais me contenter de vous présenter des photos des tableaux qui m'ont le plus marquée.
(Toutes les photos de Fedephoto.com, il y en a plein d'autres, et elles sont magnifiques)

Le tout premier tableau: un décor coupé en 2: blanc, noir. Un homme commence à danser alors que le public est encore éclairé, on ne comprend pas tout de suite que le spectacle a commencé (j'adore!). Une femme apparaît, en longue robe claire sur le fond noir. Elle bascule de l'autre côté, costume d'homme noir sur le fond blanc. C'est beau, c'est ingénieux. Alice Roland est diaphane, délicate, elle évolue dans l'écume de son vaste jupon, elle est double. Une merveille!


Ensuite, différents tableaux qui jouent sur la géométrie. Les danseurs évoluent avec de grands élastiques, un peu comme les jeux d'enfants, quand on faisait des figures avec un élastique dans les doigts. Sauf que là, derrière les danseurs, les figures élastiques sont projetées sur l'écran. Difficile à expliquer, mais effet hypnotisant. Le regard passe des vivants aux images, l'idée est géniale.


Il y a aussi plusieurs tableaux réunissant la belle Alice du début, rousse, peau de lait, toute en déliés, et Sean Patrick Mombruno, sublime black au corps hallucinant. Des muscles fins, partout! Ils évoluent tous les deux, se mêlent et se repoussent, s'escaladent et se fondent, contraires et complémentaires. Remarquables de beauté et de grâce.


Arrive le morceau de bravoure de l'impressionnante Clémence Galliard. Genre de Shiva, elle déclame un texte surréaliste, cru et drôlissime. Elle le joue, le fait "monter" jusqu'à son paroxysme, déclenchant rires, étonnement et profond respect. Elle est d'ailleurs la 1ère à déclencher des applaudissements spontanés et nourris.


Là-dessus, la fameuse "Marche du Gnou". Tout le monde, hommes et femmes, chaussé de souliers Ernest (donc bien hauts, bien fetish) vernis. Ils portent des vestes (?) en longs cheveux noirs. Le magnifique Sean est, lui, coiffé d'une somptueuse pièce à cornes et à cheveux. C'est visuellement scotchant, fabuleux, étrange. La musique tue, répétitive sur une mélodie qui accroche, les danseurs marchent comme sur un catwalk, en avant, en arrière. J'aurais pu être facilement déçue, ça n'a pas été le cas. J'étais comme Alice au pays des Merveilles, les yeux écarquillés, la bouche entrouverte... ♥
Plein de photos, tiens!










Dans ce spectacle, Christophe Salengro (grand acolyte de Decouflé devant l'Eternel) ne fait pas partie de la distribution "officielle", mais il est tout de même sur scène par le biais de la bande son et de projections, certaines irrésistiblement drôles.


Nosfell et Pierre, quant à eux, composent une bande son sur mesure (qui se vend à la fin du spectacle, seulement dans les théâtres; ce qu'on appelle du collector!), qui donne une belle cohérence à l'ensemble. C'est rock, country, tordu. Ils contribuent aussi au visuel du spectacle, avec leur façon très physique de jouer. Nosfell chante par moments en Klokobetz, et son langage sied à merveille à l'étrangeté du spectacle. Je crois n'avoir jamais assisté à un spectacle de danse avec la tête et les pieds qui groovent la moitié du temps!


En répèt':


Bref, si vous réussissez à trouver une place pour ce spectacle (et les billets sont vraiment abordables, fait suffisamment rare pour être souligné), courez-y, vous en prendrez plein les yeux et irez vous coucher avec cette délicieuse sensation d'avoir vécu un truc rare.

vendredi 7 janvier 2011

Marlon Brandoooooh


(Par Richard Avedon)

Update de la monomanie: il y a 2 jours, j'ai regardé Sur les Quais (On the Waterfront), D'Elia Kazan, 1954.




Encore un beau film. 8 Oscar, rien de moins!
2 scènes d'anthologie, dont une se passant dans un taxi. Il se dit que Brando fit pleurer le plateau entier, techniciens compris, lors du tournage de cette fameuse scène. Et ça ne me surprend pas.
Eva Marie Saint, dans son 1er rôle, est juste et pas trop maniérée. D'une belle intensité.
Brando, là-dedans, a une drôle de tête. Il joue certes un ex-boxeur, mais il a comme des knacki en guise de paupières supérieures, c'est très curieux! Heureusement que nombre de gros plans sont filmés en légère contre-plongée. :-)

Aujourd'hui, j'ai dévoré The Fugitive Kind (L'Homme à la Peau de Serpent, les français sont vraiment des cons), de Sydney Lumet, 1960.


Enorme, gigantesque film sur lequel je vais m'attarder un peu.
C'est une adaptation d'une pièce de Tennessee Williams: Orpheus descending, que Brando avait interprétée au théâtre. Williams voulait que Brando la dirige sur scène, et c'est le sujet de cette belle lettre de l'acteur à l'auteur. (La bonne paire de pointures!)
Pour ma part, je suis très troublée de voir que Brando parle d'Anna Magnani (sa partenaire dans le film qui viendra plus tard, mais pressentie pour la pièce) de la même façon qu'il pourrait parler du personnage de Lady. Les 2 entités semblent se confondre. Et cette dent dure ne se retrouve tellement pas dans le film... Bien au contraire.

The Fugitive Kind est d'une modernité confondante. Tous les protagonistes sont construits, complexes. Les femmes sont fortes, très intenses.

Anna Magnani, dans le rôle de Lady, absolument fabuleuse.

Italienne à l'accent à couper au couteau, entre l'austérité vêtue de noir jusqu'au cou, et la sensualité mature et triomphante en combinaison. Elle joue une femme blessée, vieillissante et dure, capable de la passion la plus folle, pour un homme ou pour une "cause". L'interaction avec Brando fait vraiment des étincelles. On est au delà de la sensualité. La tension sexuelle est palpable, et pour l'époque, c'est assez étonnant.

Joanne Woodward, dans le rôle de Carol Cutrere.

Chat sauvage, clocharde nympho aux pieds nus, amoureuse libre et rebelle. Un vent frais et dangereux. La seule à connaître un peu du passé du héros.

Brando joue Val, un homme en recherche de rédemption.

Pour une fois, on le trouve posé, souriant, tendre. La dose de bad boy n'est pas absente, loin de là, mais c'est de l'ordre de la braise sous la cendre.

Ce qui m'a subjuguée, dans ce film, c'est la qualité des dialogues, leur profondeur. Ca parle de vraies choses d'une façon magnifique et déchirante. C'est cash, c'est beau.
Ca parle de tolérance, de marginaux qui se reconnaissent, d'intimité, d'amour hésitant puis déchaîné.
Ca parle de cul.
Ca parle de différence d'âge, d'origine, de statut, ça balaie les tabous, et pas seulement de l'époque.
Bref, c'est énorme. Un film majeur.
De loin mon favori, pour le moment, avec le Tramway.



Pour qui ça intéresse, voici le lien vers une longue et très intéressante interview de Richard Sheperd, producteur du film, qui dépiaute bien le contexte.

Je n'ai pas encore fini mon gueuleton Brando. Je vous tiens au courant. :-)

Marlon Brando. Aaaah Marlon Brando


(clic)

(1924-2004)
Monstre sacré, passé par l'Actor's Studio (fondé entre autres par Elia Kazan, avec lequel Brando tournera 3 films cultes).

Comme je suis en pleine monomanie, ce billet risque d'être long comme un jour sans pain.
Donc je vais scinder en plusieurs parties, pour éviter l'écoeurement. Ce qui serait dommage, vu le sujet.
Vous voilà prévenus! :-)

Aussi bizarre que cela paraisse, je n'avais vu que quelques films avec Marlon Brando, des films tardifs.

Pour les citer, j'avais vu Don Juan de Marco (1994, de Jeremy Leven), film relativement daubesque malgré un cast ébouriffant: Brando, Johnny Depp, Faye Dunaway, Géraldine Pailhas (si, si).


Une des rares casseroles de Depp, sucrée à souhait, où il n'a malheureusement jamais été aussi beau (Uh). Un film de femelle, en somme.
Ce n'est pas que c'est mal joué, c'est que c'est claffi de clichés, et que le scénar, déjà super borderline au départ, tombe du côté bonbon de la force. Il n'y a pas ce côté bonbon acide salvateur de Burton (dans Edward Scissorhands, par exemple). Pas assez de second degré, pour résumer.
Brando a du mal à être subtil, et il est très très gros. Et blond vénitien. Bon.

Même goût de Rootbeer float américain, en pire, pour l'Ile du Dr Moreau (1996, de John Frankenheimer). Un VRAI film tout pourri!


J'ai aussi vu Le Parrain (The Godfather, 1972, Coppola). Il y a bien longtemps. Les 3 d'affilée, et j'ai trop tout adoré pour sortir Brando du kiff général.


A la suite de ce film, dans ma mémoire vive, au dossier Brando, ça disait:"Du lourd mythique, manifestement. Enfin ça dépend. Base de données insuffisante".

Apocalypse Now (1979, Coppola) a alimenté le dossier d'une pièce à conviction massive.


The Brave, de et avec Johnny Depp (1997) a enfoncé le clou. Ce film, tout le monde l'a trouvé calamiteux, moi je l'ai adoré.

Le contenu du dossier Brando a changé: "Du lourd mythique. Ok. Base de données insuffisante".
Bon, ça remonte...

Actuellement forcée à l'inactivité relative, je comble les creux. Et je me dis tiens, ce Brando, là...
Donc je me chope Un Tramway nommé Désir (A Streetcar etc), Dernier Tango à Paris, The Wild One (L'Equipée Sauvage), Sur les quais (On the Waterfront), The Fugitive Kind (L'Homme à la peau de Serpent) et Viva Zapata!
Que du culte pas vu. Et zou.
Je les ai vus dans cet ordre là, ce qui n'était pas inintéressant, finalement. Donc je vous update fidèlement.

Le Tramway, pure merveille de l'au-delà. Elia Kazan, 1951. Avec une Vivien Leigh oscarisée pour ce rôle. Et un Brando débectant de beauté et de talent dans son 1er (de rôle).


Oh. My. Goodness.
Un film de femelle voyeuse, avec du fond, de la forme, tout au delà de bien.


Brando, quoi. 1951. Il a 27 ans, et il est parfait. Avec cette bosse sur le nez qui le rend ultime.
Regard habité, frisant, il transpire la puissance sous le flegme, bad boy attitude surexploitée, certes, mais super crédible. Torridissime.

(clic. Oui: Ah)

Kazan filme la folie avec douceur, l'image est magnifique. Mise en scène très fidèle à la pièce (de Tennessee Williams que Brando avait d'abord jouée sur scène): décor unique, quasiment.
Après ce film, mon dossier Brando: "Du lourd mythique à mort, nouvelle référence de sublimité masculine ultime (détrônant l'indéboulonnable Johnny Depp). Des données presto!".

Dernier Tango à Paris, ensuite, donc. Bertolucci, 1972. Avec Maria Schneider et Jean-Pierre Léaud.


Avis très mitigé sur ce film. D'un côté, toutes les scènes avec Brando (blond, la cinquantaine lourde) sont effectivement cultes. Il ne joue pas, il est, pour reprendre l'expression consacrée .
D'un naturel confondant, l'oeil allumé est toujours là. Il reste intensément séduisant. Son rôle est sulfureux, tout en nuances, et il le porte avec un brio incroyable.
On peut aussi dire que ce film est vraiment le témoignage d'une époque. Et précisément, as far as I'm concerned, c'est là que je décroche.
Le début des années 70 est vraiment une époque avec laquelle j'ai du mal. L'esthétique générale, la mode, l'architecture, les films avec leurs couleurs Derrick, la fin de la "Nouvelle Vague", c'est tout ce que je n'aime pas, en bref.
A quelques exceptions près. Dans le domaine musical, notamment. Et quelques films comme "La Jetée" ou "Pretty Baby".

Il se trouve que dans ce film de Bertolucci, elle saute vraiment au visage, l'époque.
Bref. Maria Schneider est certes gaulée, donc pas désagréable à regarder, mais son jeu et celui de Léaud m'exaspèrent. Des dialogues trop écrits, récités, déclamés. Il y a une affectation qui choque d'autant plus qu'elle se frotte à la casherie de Brando... L'image est moche, le film est glauque, le parti pris du crade est assumé. C'est "Arty". Genre.

(mmm ce saxo, quel bonheur... :-s )
Quant à la fameuse scène de la plaquette de beurre, je pensais qu'elle était vraiment trash, puisque le film a été interdit aux moins de 18 ans, à sa sortie. Et on était après mai 68, donc en théorie, moins coincé du.
Mais non, ce qui a choqué le bourgeois, c'est moins la sodomie en elle-même que la litanie religieuse qui l'accompagne.
Bilan: quelques carats de diamant pur, dans un emballage papier-gras.

J'avais hâte de retrouver mon merveilleux fil rouge dans la belle image noir et blanc, 50's. Alors je me suis attaquée à L'Equipée Sauvage (1953, de Lazlo Benedek).


Beau film. Effectivement. Le Brando est magnifique malgré le petit empâtement inexorable. Je retrouve avec bonheur mon cliché de bad boy torride, avec une nouvelle facette de profondeur. Ce rôle de taiseux déterminé méritait l'intériorité à fleur d'iris de Brando. Son charisme fait merveille.
Le rôle féminin, Katie, interprété par Mary Murphy, est relativement consistant, il y a de vrais moments de délicatesse.
James Dean avait adoré ce film et en avait adopté les codes vestimentaires, rock'n roll en diable. C'était aussi une des références d'Elvis Presley.


La suite très vite. Si vous êtes sages.
:-)