dimanche 30 octobre 2011

Jiří Barta



Pour clore ce triptyque des magiciens de l'animation récemment (re)découverts, je viens vous parler de Jiří Barta.
C'est un réalisateur/animateur tchèque, lui aussi (y a un nid, là-bas!), né en 1948.

Probablement mon préféré.
Une imagination débridée pouvant revêtir des formes très différentes, mais la patte est là et on la reconnaît.
Des personnages délicats, des climats subtils, un truc dérangeant et décalé mais non sans humour...

En creusant, on y repère aussi des références au contexte politique: Révolution de Velours, en 89, qui a vu s'effondrer le bloc communiste et l'arrivée du 1er gouvernement démocratique. Du coup, l'arrivée aussi de la société de consommation. La proclamation de la République fédérale tchèque et slovaque...
Bref: un univers un poil moins plombé que celui de Švankmajer, mais du fond et une vraie réflexion sur l'Histoire qui se joue sous les fenêtres. Sans que ce soit chiant ni franchement explicite.

Au rayon de ses oeuvres majeures, on peut sortir du chapeau un moyen métrage merveilleux: Krysar. (1985)
C'est la légende du joueur de flûte de Hamelin (la version la plus connue est celle des frères Grimm): cet étranger qui libère une ville des rats qui l'envahissent et provoquent famine, en les attirant grâce au son de sa flûte.







Dans le chapeau, on trouve aussi un must have: Labyrinth of Darkness, sorti en 2006.
Une enfilade de 8 courts et moyens métrages (dont Krysar) couvrant les années 1978 à 89.
Un truc de dingue.
Mon préféré, de loin, c'est The Club of the Laid Off.



Une histoire de mannequins de vitrine mis au rebut et qui continuent leur petite vie, estropiés et peinards, jusqu'à l'arrivée de nouveaux rebuts plus récents. C'est génial, juste. Bizarre et fabuleux. Barta leur donne une expressivité incroyable, à ces têtes vides aux yeux fixes...

Je vous poste ici la totalité de l'oeuvre. C'est long, mais c'est culte. Et ça peut se manger par petites bouchées...
(mais surtout, c'est mieux en DVD dans son salon: donnons nos sous à cet homme! ^^)

(The Club of the laid off commence aux alentours de 10:20mn)


Miam.

samedi 29 octobre 2011

Prendre corps



C'est une chanson d'Arthur H, sur son album Baba Love, mélodie gainsbourienne en diable sur un texte de Ghésarim Luca.
C'est terriblement érotique et sensible, j'adore...

Prendre Corps
(on clique, ça joue)

Je te flore
Tu me faune
Je te peau
Je te porte et te fenêtre
Tu m'os
Tu m'océan
Tu m'audace tu me météorite
Je te clé d'or je t'extraordinaire
Tu me paroxysme
Tu me paroxysme et me paradoxe
Je te clavecin
Tu me silencieusement
Tu me miroir et je te montre
Tu me mirage tu m'oasis
Tu m'oiseau
Tu m'insecte
Tu me cataracte

Je te lune, tu me nuage
Tu me marée haute
Je te transparente
Tu me pénombre tu me translucide
Tu me château vide et me labyrinthe
Tu me parallaxe et me parabole
Tu me debout et couché
Tu m'oblique

Je t'équinoxe je te poète
Tu me danses, je te particulier
Tu me perpendiculaire et sous-pente
Tu me visible tu me silhouette
Tu m'infiniment
Tu m'indivisible
Tu m'ironie

Je te fragile je t'ardente
Je te phonétiquement
Tu me hiéroglyphe
Tu m'espace tu me cascade
Je te cascade à mon tour, mais toi
Tu me fluide

Tu m'étoile filante
Tu me volcanique
Nous nous pulvérisable
Nous nous scandaleusement jour et nuit
Nous nous aujourd'hui-même
Tu me tangente
Je te concentrique
Concentrique

Tu me soluble tu m'insoluble
En m'asphyxiant et me libératrice
Tu me pulsatrice
Pulsatrice

Tu me vertige
Tu m'extase
Tu me passionnément tu m'absolu
Je t'absente
Tu m'absurde

Je te narine je te chevelure
je te hanche
tu me hantes
je te poitrine je buste ta poitrine puis te visage
je te corsage
tu m'odeur tu me vertige
tu glisses
je te cuisse je te caresse
je te frissonne tu m'enjambes
tu m'insuportable
je t'amazone
je te gorge je te ventre
je te jupe
je te jarretelle je te bas je te Bach
oui je te Bach pour clavecin sein et flûte

je te tremblante
tu me séduis tu m'absorbes
je te dispute
je te risque je te grimpe
tu me frôles
je te nage
mais toi tu me tourbillonnes
tu m'effleures tu me cernes
tu me chair cuir peau et morsure
tu me slip noir
tu me ballerines rouges
et quand tu ne haut-talon pas mes sens
tu les crocodiles
tu les phoques tu les fascines
tu me couvres
je te découvre je t'invente
parfois tu te livres

tu me lèvres humides
je te délivre je te délire
tu me délires et passionnes
je t'épaule je te vertèbre je te cheville
je te cils et pupilles
et si je n'omoplate pas avant mes poumons
même à distance tu m'aisselles
je te respire
jour et nuit je te respire
je te bouche
je te palais je te dents je te griffe
je te vulve je te paupières
je te haleine je t'aine
je te sang je te cou
je te mollets je te certitude
je te joues et te veines

je te mains
je te sueur
je te langue
je te nuque
je te navigue
je t'ombre je te corps et te fantôme
je te rétine dans mon souffle
tu t'iris

je t'écris
tu me penses

In, « Paralipomènes » (La Fin du Monde)
Tableau Vettriano, "In thouhts of you"

vendredi 28 octobre 2011

Les frères Quay



Stephen and Timothy Quay sont des jumeaux américains, nés en 1947.
Ils font des films d'animation, mais aussi des pubs et des clips vidéos, comme le fameux Sledgehammer de Peter Gabriel, en 1986 (à l'animation seulement, pas à la réalisation).



Leur univers personnel est sombre et poétique, bien bizarre. Comme une boîte à musique déglinguée, qui balancerait bravement sa mélodie désaccordée, c'est touchant et on y retrouve une filiation toute burtonienne.
D'aucuns trouveront ça creepy. Moi aussi. Et c'est précisément ce qui me plaît!

Inspirés par Jan Švankmajer, auquel ils ont rendu un tribute magnifique, dans leur court-métrage de 1984: The Cabinet of Jan Švankmajer.
On peut pas faire plus clair! :-)
On y retrouve tout un tas de références à leur aîné, et notamment le personnage en fruits (lui même tribute à Arcimboldo) dont Švankmajer avait fait une très belle animation.

Terry Gilliam a élu leur Street of Crocodiles, l'un des 10 meilleurs films d'animation de tous les temps...
Et c'est vrai qu'il est très beau.
Extrait.



Dans le domaine du long métrage, ils ont pondu en 2005 un ovni merveilleux, produit par Gilliam, justement: The Piano Tuner of Earthquakes.
On retrouve Amira Casar dans ce conte délirant, incroyablement poétique et complètement barré. C'est du fantastique onirique pur. Fascinant.



Pour finir, une petite pépite: The Calligrapher (1991)

jeudi 27 octobre 2011

Jan Švankmajer

Jan Švankmajer est un réalisateur tchèque, né en 1934.
Il fait des films d'animation, ou plutôt des films mêlant la prise de vue "normale" et les séquences animées, principalement à base de marionnettes (sa formation de base) ou d'argile façon pâte à modeler. On le lie aux surréalistes.

Il a influencé les frères Quay (j'y reviendrai), et Tim Burton, entre autres pointures.
Son univers est sombre, parfois glauque, mais il sait comme personne parler par l'image, créer des climats.

Il y a bien longtemps, j'avais vu sa version d'Alice au pays des merveilles.



J'en gardais le souvenir d'une oeuvre singulière, et enfin une façon de traiter cette histoire de façon originale, avec son Alice mi petite fille quand elle est "grande", mi poupée inquiétante quand elle est "petite".

Son lapin blanc, aussi, effrayant, se nourrissant des copeaux de bois qui le rembourrent et qu'il passe son (précieux) temps à perdre et semer partout...



Je l'ai revu et re-aimé récemment, alors j'ai creusé un peu.
Et j'avoue que j'ai trouvé des dingueries.

Quelques exemples...

Passionate Dialogue (1982)


Meat Love (1989)


Faust (1994)


Et, dans un autre genre, The Ossuary (1970).
Son regard documentaire pour le coup bien surréaliste sur l'ossuaire de Sedlec


Enjoy...

mercredi 26 octobre 2011

Ce qu'on appelle une pub très convaincante...

Feat. Zombie Boy

Pour info, Zombie Boy s'est notamment fait remarquer lors d'un défilé et d'une campagne pub Thierry Mugler.
On l'a vu, aussi, dans le clip "Born this way" de Lady Gaga.
Il est vraiment tatoué comme ça. De partout.
Et il a oublié d'être con.





La pub, donc:

lundi 24 octobre 2011

Android 207

J'ai fait plusieurs pleins de nourriture, récemment.
Voici l'une des portes nouvellement ouvertes.
Ca raconte plein de trucs, on peut y voir ce que l'on veut de métaphores.
A peu près partout.